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La muséographie selon les musées de société, des Rencontres Professionnelles, une publication

Suite au partenariat engagé avec le Mucem autour de l’exposition« Georges Henri Rivière, voir c’est comprendre » en 2019, la Fédération des écomusées et musées de société a choisi d’organiser ses rencontres professionnelles dans l’esprit d’un cycle, sur plusieurs années, sur le thème de l’exposition. Il s’agissait d’interroger la filiation de nos musées avec la pensée de Georges Henri Rivière mais aussi de la dépasser, pour questionner plus largement le concept de muséographie si central dans notre famille muséale.

À l’heure où de nombreux musées du réseau sont en effet en train de réfléchir sur ces sujets, nous proposions d’en faire un chantier collectif, partagé, à l’image de la démarche que Georges Henri Rivière portait. Le prisme de lecture des droits culturels nous donne aussi une nouvelle opportunité pour nous en saisir. Notre ambition est d’affirmer la place essentielle du musée et de l’exposition dans les démarches de développement des territoires.

Comme l’écrit Valérie Perlès¹, « Si le nom de Georges Henri Rivière fait date, c’est qu’il signe véritablement un nouveau style, une manière novatrice de penser, puis de concevoir et de réaliser une exposition. […] Exposer, c’est donner à voir pour faire comprendre. Instrument du langage particulier du musée, l’exposition existe à la faveur de l’intervention du muséographe, dont l’apport est souvent mal identifié, généralement relégué dans le champ de l’empirisme. […] Cela tient peut-être à la personnalité et à l’action de Georges Henri Rivière, l’homme de terrain plus que l’homme de l’écrit. Il est certes difficile de dire avec des mots ce qui relève du registre de l’expérimentation, du sensible, de la mobilisation du langage non verbal. C’est pourtant bien là, « hors champ » ou « entre les lignes », que ce situe l’héritage de Georges Henri Rivière, qui inspire encore aujourd’hui nombre de professionnels et de musées de société dans leur pratique au quotidien ».

Le musée aujourd’hui, et à plus forte raison, le musée de société, incarne un espace public de débat, de  questionnement, un lieu d’échange et de rencontre : en son sein, le visiteur n’est plus simple spectateur, passif et solitaire, mais citoyen acteur. Lieu engagé, qui assume sa subjectivité, ce musée propose une certaine vision d’un territoire et de ses habitants, de leur passé, présent et avenir, mais également de leur patrimoine et des processus présidant à sa constitution. Dans cette perspective, le rôle de l’exposition n’a jamais été aussi important.
C’est le fil rouge de l’engagement que nous avons d’abord choisi d’explorer lors des rencontres professionnelles de Bordeaux en septembre 2021, au musée d’Aquitaine. Au sortir de deux années marquées par confinements successifs et fermeture des musées, la soirée « grand témoin », avec le dialogue entre Jacques Hainard et Marc-Olivier Gonseth, anciens directeurs du musée d’ethnographie de Neuchâtel a été un grand moment !

En avril 2022, c’est en Camargue, dans deux musées récemment rénovés du réseau – le musée Arlaten et le musée de la Camargue – que nous nous sommes retrouvés, autour du thème très naturel des héritages : combien de temps « vit » un parcours permanent ? Quand considère-t-on qu’il est dépassé, voire « périmé » ? Des échanges nombreux autour de ces rencontres, nous avons voulu garder trace : ce recueil, chapitré en trois parties comprend ainsi des textes de synthèse, des retours d’expériences sous forme de focus et des textes plus libres, à l’instar du bien-nommé « Trouble de voisinage » de Philippe Mairot.
Ces textes rendent compte aussi de ce qu’est la dynamique de notre réseau : des idées et des réalisations des professionnels d’aujourd’hui, nourries de l’histoire de nos musées de société. La transmission nous enrichit et nous stimule.

En cela, ce projet éditorial, pour modeste qu’il soit, est précieux. Que tous les auteurs et autrices, ainsi que le comité éditorial soit chaleureusement remerciés de leur contribution. Il sera enrichi prochainement de l’acte 3 que constituent les rencontres professionnelles 2023 dans les Vosges avec pour sujet la création dans l’exposition.

Bonne lecture,

Céline Chanas
Directrice du Musée de Bretagne
Vice-Présidente de la FEMS

 

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¹PERLÈS, Valérie, Ce que les collections héritées du passé ont à nous dire… « Les leçons de Georges Henri Rivière
au service de la conception du musée Albert Kahn », in : Georges Henri Rivière, une muséologie humaniste, dir. Serge Chaumier, Jean-Claude Duclos, édition Complicités, 2019, p. 307.