Pourquoi : Réponse à un appel à projet national lancé par le ministère de la culture et de la communication, « l’action culturelle au service du français ». L’écomusée du Val de Bièvre a proposé « une exposition pour apprendre le français » à l’un de ses proches partenaires, le centre socioculturel l’Avara (à cheval sur les villes de Fresnes et l’Haÿ-les-Roses). Les membres volontaires des ateliers d’alphabétisation du centre se sont engagés à présenter dans une exposition deux objets leur appartenant : l’un ramené de leur pays d’origine, l’autre représentatif de leur vie en France (un objet d’ailleurs et un objet d’ici). Principe : Il y a eu trois étapes majeures, de plus ou moins longue durée. 1 – Les participants ont visité l’écomusée et en ont découvert les collections : l’occasion pour la médiatrice du musée d’expliquer les principes et les enjeux du projet d’exposition. 2 – Dans le cadre horaire des ateliers d’alphabétisation, chacun a choisi un premier objet d’ailleurs et a raconté son histoire à l’oral, avant de le faire par écrit, avec l’aide de l’équipe encadrante (médiatrice de l’écomusée, personnel et bénévoles de l’Avara). Le même processus a été répété pour l’objet d’ici. Parallèlement, chacun a pris une photo de l’objet dans son contexte intime et quotidien : une séance d’initiation à la prise de vue photographique a été organisée avec la plasticienne de l’écomusée. 3 – Les participants sont retournés à l’écomusée pour discuter de la scénographie avec l’équipe du musée, puis pour prendre part au montage de l’exposition. 4 – Au moment du vernissage, les participants se sont eux-mêmes occupés du pot et du discours de remerciement. Objectif : – pour les publics ? Le cadre proposé s’est révélé très pertinent pour l’apprentissage de la langue française. L’objet sert de support à l’émergence d’un récit, il canalise et facilite la prise de parole. Il est également plus facile d’effectuer le passage de l’oral à l’écrit lorsqu’il s’agit de raconter une histoire personnelle. Le projet s’est avéré très valorisants pour les participants, parce qu’il répondait à un réel désir de partager leurs expériences, d’être entendu, et de s’exprimer en public : nous avons constaté une prise de confiance progressive tout au long des ateliers, jusqu’à la prise de parole spontanée de plusieurs participants au moment du vernissage. A cela s’ajoute la fierté d’être parvenu à écrire, et la fierté de voir exposé un objet auquel on tient. Du point de vue de l’encadrement, ce public s’est révélé difficile à mobiliser sur le long terme. Les personnes ont souvent des préoccupations plus urgentes, et il est difficile d’obtenir une présence régulière aux ateliers. Il était également compliqué de gérer les différences de niveaux de maîtrise du français entre les participants : le passage à l’écrit nécessitait une présence humaine importante, notamment par le recours à des bénévoles du centre socioculturel. – pour le territoire ? A travers la découverte de parcours de vie, l’exposition permet au public du territoire de mieux comprendre les personnes avec lesquelles il cohabite. Elle invite à l’échange, renforce le lien social, et tend à abaisser la barrière du communautarisme. – pour la structure ? Ce projet au long court a permis de mieux connaître un public très spécifique : cela garanti une bonne prise en compte des contraintes et des difficultés qui peuvent lui être liées pour de futures actions. Par ailleurs, le sujet a très vite suscité l’intérêt du public et des médias. Cela permet aussi de faire venir (et agir) à l’écomusée des personnes qui n’y étaient jamais venues. Resultat : Les participants se sont véritablement saisi de leur droit à l’expression en livrant des histoires personnelles, ordinaires ou non, mais toujours très intimes, en sachant qu’elles allaient être lues par des inconnus. Les spectateurs, eux, ont découvert et compris la trajectoire de vie et le quotidien de personnes bien souvent éloignées de leurs cercles de connaissances. Ce processus d’échange et de découverte invite à une compréhension mutuelle, indispensable au vivre ensemble.