Lundi 28 avril 2025

Dans le cadre de leur formation à l’Institut national du patrimoine (INP), les élèves conservatrices et conservateurs de la promotion Champollion (2024-2025) organisent une journée d’étude. Cet évènement s’inscrit dans le thème de l’année 2025, année de la mer en France, et dans la lignée des Journées européennes du Patrimoine de septembre 2024, consacrées au patrimoine maritime et à celui des itinéraires et des connexions. Cette journée d’étude sera l’occasion de revenir sur la responsabilité des acteurs du patrimoine face aux naufrages collectifs – au sens propre et aux sens figurés. Pensée comme un espace de formation et d’échange, elle entend poser ces questions pour l’ensemble des spécialités professionnelles du patrimoine, tant dans les domaines de la conservation matérielle que de la recherche, du patrimoine culturel immatériel, de la mémoire et de la valorisation auprès des publics. Intitulée « Ce(ux) qui reste(nt) en mer : quelle est la responsabilité des institutions patrimoniales face aux naufrages collectifs ? Mémoires des êtres et des environnements disparus », cette journée a pour objectif de mettre en lumière les différentes recherches en cours dans le champ patrimonial et d’interroger notre responsabilité, scientifique et éthique, face aux histoires naufragées. Une attention particulière sera portée au rôle des institutions patrimoniales dans leurs approches de la conservation et de la valorisation.
Le naufrage est source de fascination pour les artistes et leurs publics. Peut-être parce que la disparition en mer, au large ou dans un fleuve, empêche le travail de mémoire – incertitude puis renoncement, sépulture impossible, épaves méconnaissables -, les récits tragiques témoignent de la tension entre volonté mémorielle, souvenirs matériels et sites inaccessibles. Comme les catastrophes naturelles, le naufrage est un événement extraordinaire : le sauvetage, le soin des blessés ou des morts, le processus de deuil sont empêchés ou bouleversés, et l’explication ou la narration impossibles. Ce patrimoine, invisible par nature, n’apparaît souvent qu’en creux : il s’agit alors de raconter des histoires qui n’existent pas encore. Aujourd’hui, au-delà de la question du naufrage, ces disparitions catastrophiques sont aussi le fait de phénomènes climatiques exerçant une pression sur les littoraux, heurtant les lieux et ceux qui les habitent. À terre également, les sites, les êtres et leur patrimoine disparaissent, submergés et emportés par la mer. Dans le champ du patrimoine, l’exercice de la mémoire de ceux restés en mer peut aussi bien se traduire par des pratiques immatérielles sur la terre ferme, que par la recherche de traces matérielles – épaves, biens archéologiques mobiliers. Paradoxalement, le naufrage collectif du dérèglement climatique révèle parfois des découvertes fortuites de naufrages isolés en fonction de l’évolution du trait de côte ou des sécheresses fluviales. La question de la responsabilité collective, politique, de ces catastrophes, est aussi soulevée par les pratiques artistiques et mémorielles d’hommages et de monuments, qu’ils soient architecturaux, photographiques ou littéraires, laïcs ou religieux.

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