Pourquoi :
Le CCR est situé dans le quartier de la belle de Mai, un des quartiers les plus pauvres de France où les habitants ont peu ou pas de pratiques culturelles. Il s’agit pour le Mucem de développer des projets participatifs avec ces jeunes habitants du quartier pour qu’ils soient acteurs d’un projet et se sentent chez eux dans un musée. Il est important de décloisonner et de dépoussiérer l’image du musée, cette action a l’ambition d’y participer.
Principe :
De septembre 2016 à mai 2017, le Mucem a souhaité confier le co-commissariat de l’exposition au centre de conservation et de ressources (CCR) à un artiste contemporain Miguel Palma et à un groupe de collégiens. A travers cette première expérience de médiation, le Mucem souhaite développer un dialogue entre la jeunesse marseillaise et la rencontre d’un artiste polysémique. Ensemble, ils vont dialoguer, réfléchir, choisir, se contredirent, s’affirmer et réinventer peut-être une nouvelle forme de proposition d’exposition. Le principe est de proposer au fil de l’année scolaire une présentation de leur réflexion commune tel un work in progress pour aboutir in fine à une exposition qui proposera une relecture des collections du Mucem et ouverte au grand public. Le principe est de partir d’un module circulaire divisé en 10 parts égales (1 par élève) sur roulette avec un système d’ascenseur manuel qui ferait surgir un objet au milieu d’une ville repensée par les jeunes. L’objet dans l’ascenseur serait créé à partir d’une pièce originale, choisi en amont dans les collections du musée. Sur le plateau haut, chacun peut construire une patrie d’une utopie de la ville. L’ascenseur fonctionne uniquement quand on décide de montrer la pièce : c’est le musée de la ville ! Commun à tous, c’est grâce à l’ascenseur qu’on peut montrer sa pièce dans le soubassement (souterrain, mystérieux), et comme dans les réserves d’un musée, on décide à un certain moment de sortir une pièce du musée. Symboliquement, cela représente l’idée du trésor qu’on montre ou qu’on cache, l’idée d’un trésor partagé. L’intérêt des éléments sur roulettes donne la possibilité pour les élèves le jour du lancement de l’opération ou d’événements publics de proposer un nouveau visage à la ville utopique, sous la forme d’une chorégraphie collective. Les objets originaux sont exposés dans une vitrine, accompagnés d’un commentaire, qui sera le produit du travail de l’élève. Ce n’est pas seulement la sacralisation de l’objet, c’est donner une deuxième vie à l’objet. Une réelle relecture des collections d’un musée.
Objectif :
Il s’agit d’un projet en cours de réalisation. Nous pouvons à ce jour surtout parler d’objectifs attendus.
- Pour les publics ?
Diversifier les publics, à savoir des publics souvent peu coutumiers des visites de musées (les jeunes, les personnes défavorisées)
- Pour le territoire ?
Nous espérons à l’échelle locale (quartier de la Belle de Mai) mobiliser à la fois les élèves mais grâce à eux, leurs parents, leurs proches pour faire du CCR un lieu de convivialité et de découverte. L’objectif de l’exposition est également d’ouvrir le projet aux habitants du quartier (par un système de vote pour désigner un objet exposé par exemple).
- Pour la structure ?
Faire de cette action un projet participatif qui puisse rayonner au-delà des quelques élèves concernés.
Résultat :
L’originalité de ce concept d’exposition repose sur le statut qu’est donné aux élèves : ils sont co-commissaires de l’exposition. Ils seront au même titre que l’artiste invité, des commissaires de l’exposition qu’ils vont concevoir à plusieurs. Le Mucem prend le pari de donner la parole aux jeunes, pas seulement en les conviant à des réflexions sur la médiation culturelle mais en les rendant acteurs, décisionnaires, concepteurs d’un propos ; en offrant; par leur regard, un nouveau visage aux collections du musée. Chacun est responsable d’une partie du module (choix d’un objet, création de la partie « ville utopie »), mais cela ne fonctionnera que s’il y a de l’échange, de la communication entre eux. Une œuvre collective est collective si elle est partagée et débattue. C’est dans ces moments d’échange, de doute, d’affirmation, de prise de décision que les jeunes pourront mieux exercer leur citoyenneté.